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Jeanne ou St Maurice ?Les secrets de Jeanne - Questionnements & hypothèses

La famille des chevaliers du Lys

Proposé par THEVENIN

La noblesse d'armes des chevaliers du Lys. Les revues d'armes des du Lys pour la guerre. Les ancêtres de Jacques d'Arc, père nourricier de la Pucelle du Lys avant de se nommer d'Arc. Les frères combattants de Jacques.


Enluminure médiévale représentant l'organisation sociale en trois ordres : le clerc, le chevalier et le travailleur

 

Nous étudierons successivement :

Les recherches généalogiques, la formation des noms de famille et l’évolution règlementaire :

Nous n’avons pas d’actes paroissiaux ou d’état-civil pour procéder à l’étude de la famille du Lys devenue d’Arc sauf les enquêtes de notoriété faisant appel à témoins ou des actes notariés (ces documents sont recensés par tous les historiens). L’étude généalogique de la famille du Lys d’Arc est donc basée en partie sur la tradition orale retranscrite. Nous compléterons la précédente documentation pour les besoins de cet article avec des éléments portant sur des faits militaires d’époque. Nous ne donnerons pas l’origine de nos sources pour éviter les destructions d’archives et de livres anciens que pratiquent des personnes qui veulent dissimuler les vérités historiques pour des raisons politiques ou religieuses.

Il faut attendre l'application des règles administratives pour passer dans la tradition de l'écrit ; la difficulté réside donc pour les généalogistes dans la récupération de documents témoins en l'absence d'actes civils ou religieux avant de pouvoir rechercher des actes d’une époque plus récente. La plupart des généalogies peuvent remonter les filiations jusqu’au premier acte conservé sans pouvoir trouver de récits de la tradition orale ou écrite et aller au-delà de l’origine des actes.

Mais il faut considérer que nous sommes avantagés avec la famille du Lys par rapport aux études sur d’autres familles car la famille adoptive de la Pucelle faisait partie de la noblesse d’armes ancienne. Cette activité militaire nous permet d’établir quelques filiations et de découvrir et de comprendre l’histoire emblématique de cette famille.

Les noms des familles se sont formés à partir des Xe, XIe et XIIe siècles. A partir de cette époque, chaque habitant de chaque village se retrouve avec un nom (que l’on appellera ensuite prénom) et un surnom (qui deviendra le nom de famille). En raison d'une forte poussée démographique, l'ajout d'un surnom va s'imposer à partir du 10ème siècle, afin de distinguer les nombreux homonymes d'un même village. A l'instar des nobles qui ajoutaient à leur nom de baptême celui de leur fief, ce surnom va progressivement devenir "nom de famille". Les du Lys vont ainsi devenir les d’Arc en prenant le surnom d’Arc. Ce surnom est  lié à l’acquisition d’un titre de noblesse par Pierre du Lys qui devient chevalier d’Arc.    

Ce processus de fixation des patronymes ne s'est pas fait du jour au lendemain. Les documents qui nous sont parvenus montrent bien qu'il n'était pas rare que le surnom attribué à un même personnage varie et soit alternativement lié à son lieu d'origine, à sa profession, à une entrée dans la noblesse, ou à une autre caractéristique, sans préjuger de celui qui allait finalement s'affirmer comme "nom héréditaire". Dans le cas de la famille du Lys nous verrons que l’orthographe de ce patronyme a varié avant de se fixer et que l’acquisition du patronyme d’Arc par la famille du Lys est un fait historique acquis en 1405.

En France et dans les pays francophones d'Europe, la plupart des noms de famille sont apparus entre les IXe et XIIe siècles, a priori fixés au XIIIe siècle, avec des nuances selon les régions, à l'exemple de la Corse où ils ne se sont structurés qu'au XVIe siècle, la phase de fixation durant jusqu'au 18e siècle. 

L’évolution règlementaire est lente et postérieure à l’époque qui nous intéresse :

L'Ordonnance de Villers-Cotterêts d'août 1539 de François Ier  impose le français pour la rédaction de tous les actes et impose à l'Eglise la tenue de registres des baptêmes.

L'Ordonnance de Blois par Henri III en 1579 fait généralisation de la tenue des registres des baptêmes et demande la tenue des registres des mariages et des sépultures afin d'éviter les mariages clandestins de mineurs et stipule que le mariage doit être célébré devant le curé paroissial et établi la publication des trois bans qui persistent de nos jours, ainsi que la célébration devant quatre témoins dignes de foi.

L'Edit royal de Louis XIII en 1639 fait confirmation des règles de l'Edit de Blois qui n’est que très insuffisamment appliqué.

L'Edit royal de Saint Germain en Laye de Louis XIV en 1667 confirme des règles de l'Edit de Blois qui semble toujours avoir du mal, cent dix-huit ans après, à être appliqué. Les obligations étaient les suivantes :

    • Baptême : Signature pour les parrains marraines
    • Mariage : Signature des conjoints et des témoins
    • Inhumation : Signature de deux des parents

Le roi exige la rédaction des actes en double exemplaire. Le double doit être déposé au greffe.

Ces rappels ont besoin d’être faits pour comprendre l’évolution du nom de famille du Lys qui nous occupe, orthographié de façon très différente sur les documents historiques et l’apparition postérieure du nom d’Arc orthographié également sous différentes formes.

Cette étude ne prétend pas donner le recensement de la famille du Lys mais seulement celui de la branche des ascendants de Jacques, père nourricier de la Pucelle. Des du Lys ont été localisés en Bourgogne, en Lorraine et dans le Barrois et nous ne connaissons pas en fait aujourd’hui l’origine de cette famille. Les du Lys du Barrois ne sont sans doute pas le rameau le plus ancien.

La situation géopolitique en Lorraine en 1355 et la lutte contre les Anglais :

En Lorraine, Robert 1er, duc de Bar depuis 1354, luttait contre les Anglais qui dévastaient le Barrois.

Bar est un ancien duché relevant à la fois du Saint-Empire romain germanique (pour la partie du Barrois non mouvant) mais aussi du domaine royal de France (partie du duché située à l'ouest de la Meuse dit Barrois Mouvant depuis le traité de Bruges de 1301).

Le comté, puis duché de Bar, fut formé au Xème siècle par Ferry d'Ardennes, frère de l'évêque de Metz Adalbéron. En 1354 l'empereur germanique Charles IV de Luxembourg, « roi des Romains », érige son comté de Luxembourg et son voisin le comté de Bar en duchés. Le comte Robert Ier de Bar, âgé de 13 ans, devint ainsi le premier duc de Bar. Par son mariage avec Marie de France, Il devint en 1364 gendre du roi de France Jean le Bon.

Depuis le traité de Bruges, en 1301, les comtes et ducs de Bar ont toujours fait la foi et hommage à la France pour le Barrois; ils ont cependant conservé sur ce pays tous les droits régaliens, du nombre desquels est le pouvoir législatif.

Lorsque le roi Jean érigea le comté de Bar en duché, en 1364, il confirma aux seigneurs de ce pays tous les droits royaux qui leur avaient été conservés par le traité de Bruges.

En 1358, Charles V, enfant, avait pendant la captivité de son père, engagé temporairement la seigneurie de Vaucouleurs à Henri V, comte de Vaudémont, allié à la famille de Joinville. Mais dès son avènement au trône, il s’empressa, par une ordonnance du 4 juillet 1365, de réunir la ville et châtellenie de Vaucouleurs, inséparablement au domaine royal. La valeur des terres et appartenances que le sire de Joinville cède ainsi au roi comprend aussi les villages de Neuville, Burey en Vaux, Badonvilliers, Gombervaux, Rigny, Sauvoy, Tusey, Montigny, Saint Germain, Chalaines et Burey la Côte.

En 1392, dans une ordonnance relative aux monnaies, Charles VI disait : « Nous sommes informé que, parce qu’il n’y a pas d’hôtel des monnaies à Sainte-Menehould, grande quantité de billon est portée ès-monnaies des duchés de Bar et Lorraine et autres monnaies étrangères hors notre dit royaume ». Comme c’est à Bar-le-Duc que le Barrois frappait principalement les monnaies, l’on en déduit que Charles VI qualifiait également Bar de pays étranger.

En 1419, le duc René 1er d’Anjou épouse Isabelle 1ère de Lorraine, fille et héritière du duc Charles II de Lorraine. René devient duc de Lorraine lui-même à partir du 25 janvier 1431. 

Par le Traité de Foug en 1419, il est convenu que les descendants de René et d’Isabelle régneront sur les deux duchés mais que chacun des deux duchés gardera son indépendance.

Des démembrements, des donations, des fondations religieuses, les ravages des grandes compagnies, des guerres continuelles avec la Lorraine, continuent l’affaiblissement et l’appauvrissement du pays pendant le quatorzième siècle. Edouard III, duc de Bar, périt à Azincourt en 1415. Un de ses frères, Louis de Bar, évêque de Verdun et cardinal, profita de cette mort pour s’emparer du Barrois. Mais l’héritage ne tarda pas à lui être disputé par sa sœur aînée Marie, femme du duc de Mont, attendu que la loi salique n’était pas reconnue dans le Barrois. Comme le duc de Mont avait des forces respectables, le cardinal de Bar, pour sortir d’embarras sans céder à son rival, se démit du duché, à Saint-Mihiel, en faveur de René d’Anjou, comte de Guise, son petit-neveu.

Pour consolider la situation de son favori, le cardinal lui fit en outre épouser la fille de Charles II, Isabelle de Lorraine, unique héritière de ce duché. Le duc de Mont continua la lutte, encouragé d’ailleurs par les sentiments des gens du Barrois, qui voyaient bien que c’en était fait de leur indépendance, et qu’ils seraient absorbés par la Lorraine. Le duc de Mont eut d’abord des succès, mais il fut ensuite battu et pris par le duc Charles. On ne lui rendit sa liberté que lorsqu’il « quitta son droit, qu’il disoit avoir au duché de Bar. » A partir de ce moment, le Barrois fut considéré et traité par la Lorraine comme pays annexé, et sa population ainsi que son commerce ne firent plus que décroître.

Ce contexte historique est intéressant à rappeler car nous verrons dans la suite de ce récit Pierre du Lys s’installer en Barrois (enclave bourguignonne du Barrois) venant de Lorraine.

Armes du Duc de Bar     

Le pays était à la merci des Anglais et des routiers, et c’est dans une véritable union sacrée que les souverains et seigneurs de Lorraine, de Bar, de Bourgogne et de France levaient des troupes et faisaient appel à des capitaines expérimentés.

L’Etat Bourguignon sur http://www.larousse.fr
On remarque la petite enclave barroise au nord du duché de Bourgogne.

Les Etats bourguignons qui sont émergents à l’époque se constituèrent autour de la Bourgogne et des Flandres et furent une des grandes puissances européennes du XIVe et du XVe siècle. La puissance économique des États bourguignons, symbolisée par la monnaie ducale, s'explique par la prospérité de ses divers territoires, les plus riches de l'Europe du 15e siècle, et principalement des Pays-Bas.

Dans ce cadre conflictuel se développent des actions militaires qui donnent lieu à des revues d’armes dans lesquelles figurent des représentants de la famille du Lys. Cette famille participe à de nombreuses revues d’armes et donc bien évidemment à de nombreux combats. Son ascension sociale est remarquable car nous trouvons en 1367 Jean Dallay (du Lys) écuyer, devenu chevalier en 1372 et Pierre son fils également chevalier en 1405. Beaucoup de familles et même des plus nobles seraient heureuses de s’enorgueillir de tels ancêtres.

Les revues d’armes pour la guerre auxquelles participent les du Lys :

L’étymologie du nom du Lys qui s’appuie sur des lois de la phonétique historique et sur l’évolution sémantique des termes se présente sous diverses formes dans les revues d’armes, à savoir : Dallay, Daisey, Duilley, Dalys, Daleu, Dileu, Dellieu, Deule et Dalis (en Lorraine) Dulis (en France).    

La revue d’armes d’Avallon du 10 janvier 1358 :

Jean I de Châlon – Montaigu dit Jean Ier de Bourgogne figure à la revue (dite monstre) des troupes, passées à Avallon le 06 janvier 1358 ; il y est rejoint le 09 janvier suivant par Jean Dallay (pour Dailly), également venu de Lorraine, avec de nombreux compagnons d’armes, à la revue passée par le capitaine de guerre Jacques de Vienne, devant le Maréchal de Bourgogne, Gérard de Thury.

Le 10 janvier 1358, la revue est passée à Avallon par Jean lui-même, écuyer banneret ; Jean Daisey (pour Dailly) y figure avec de nombreux lorrains parmi lesquels on cite : Jean de Mirecourt, Hugues Daroué (pour D’Haroué), Regnaut de Mirecourt, Thévenin de Fontenay.

La revue d’armes de Montbard du 30 décembre 1358 :

Jean Duilley (corruption du nom Dailly) est à Montbard le 30 décembre 1358 avec Jean de Montaigu, à la revue des troupes d’Eudes de Muxy, passée par Jacques de Vienne, Général Capitaine des ducs de Bourgogne.

Les revues d’armes à la frontière d’Avallon du 21 avril 1359 :

Jean Duilley est avec Jean de Montaigu à la revue passée à la frontière d’Avallon et de Montréal par Guillaume Dinory le 21 avril 1359. Ce Jean Duilley est encore à une seconde revue passée le même jour par Jean de Mi.

La revue d’armes de Montréal du 23 mai 1359 par Jean Dallay :

A Sémur en Auxois, le 23 mai 1359, une revue est passée par Jean Dallay, lui-même (pour Dailly), Capitaine à Montréal. 

La revue d’armes de Dijon du 07 février 1367 :

Le 07 février 1367 Jean Dallay (pour Dailly) est cité à la revue passée à Dijon comme Ecuyer, sous le nom de Jean Dalys, devant le Maréchal de Bourgogne.

La revue d’armes du 01 février 1372 pour la guerre du Brabant :

Nous retrouvons notre Dailly sous le nom de Jean Daleu, chevalier armé à la revue passée pour la guerre du Brabant. 

La revue d’armes du 08 décembre 1382 par le maréchal de Bourgogne :

Le 08 décembre 1382, onze jours après la sanglante bataille de Rosebecque, la revue des guerriers survivants de la terrible rencontre, fut passée à Courtrai, par le maréchal de Bourgogne. Nous y trouvons le nom de Jehan Dileu (pour Jean Dailly) avec le titre de chevalier, qui récompensait ses exploits.

Les revues d’armes du 30 juin et du 31 juillet 1359 passée par Geffroy de Blaisey :

Dès le 30 juin 1359, avec Huguenin de Vittel, André Poincard de Morimont, Jean de Saint-Thiébaut, Humbert Despinaulx (d’Epinal), il figure à la revue passée par Geoffroy de Blaisey et, le 31 juillet à la revue de Châtillon-sur-Seine, parmi les gens d’armes reçus pour demeurer en cette garnison, sous le nom de Pierre Darc.

La revue d’armes du 03 février 1367 à Dijon :

Day avait la prononciation de Dailly (pour Deuilly). Le nom d’origine fut déformé en Deule et en Dalis en Lorraine (voir Vallet de Viriville) qui correspondait en France à Dulis, nom déjà porté par le père de Pierre à la revue du 07 février 1367 à Dijon.

La revue d’armes du 28 février 1407 de Paris :

A la revue de Paris du 28 février 1407, Pierre Dars ou Day était inscrit sous le nom de Deule comme chevalier bachelier. Notre chevalier était donc noble (condition pour devenir chevalier) et devient titulaire d’une terre de dignité ou bachelerie. C’est cette bachelerie qui s’appelle d’Arc qui a été incorporée sous forme symbolique aux armes du nouveau chevalier du Lys qui ne comprenaient à l’origine que le lion passant de gueules (voir le blason du chevalier dans la suite du récit).

Les bacheliers sont des seigneurs qui ont châteaux, forteresses, grosses maisons et places, qui font partie des comtés, vicomtés, baronnies ou châtellenies et qui ont semblable justice.

Il y avait des terres de haubert et de bannière, comprises sous le nom de militiæ ou de haubert ;  d'autres appelées fiefs et terres baculariæ, ou de bachelerie ; d'autres enfin nommées vavassories. Le vavasseur avait des vassaux, mais la seigneurie dépendait d'un autre seigneur.

Les Bacheliers étaient du second ordre de la noblesse, c'est-à-dire qu'ils tenaient le milieu entre les hauts chevaliers et les écuyers : on disait bachelier, au lieu de bas chevalier. Le banneret ou le chevalier recevait l'investiture par la bannière carrée, et le bachelier par un panon qui se terminait en queue, qui était l'enseigne avec laquelle il conduisait ses vassaux à la guerre, pour servir sous la bannière d'un chevalier banneret, parce que le bachelier n'ayant ni assez de bien, ni assez de vassaux pour les mener à la guerre à ses dépens, marchait et combattait sous la bannière d'autrui, et tâchait par ses exploits d'arriver à la qualité de chevalier banneret.

« Lorsqu'un bachelier a grandement servi et suivi la guerre, et qu'il a terre assez, et qu'il puisse avoir gentilshommes, les hommes, et pour accompagner sa bannière, il peut licitement lever la bannière, et non autrement ; car nul homme ne doit lever la bannière en bataille, s'il n'a au moins cinquante hommes d'armes, tous les hommes et les archers et les arbalestriers qui y appartiennent ; et s'il les a, il doit à la première bataille où il se trouvera, apporter un pennon de ses armes, et doit venir au connétable ou maréchaux, ou à celui qui sera lieutenant de l'ost, pour le prince requérir qu'il porte bannière ; et s'ils lui octroyent, doit sommer les hérauts pour témoignage, et doivent couper la queue du pennon pour en faire bannière », d'après le Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France - Nicolas Viton de Saint-Allais (1773-1842) - Paris, 1816.

La revue d’armes du 03 octobre 1407 par le Seigneur de Fouvens, maréchal de Bourgogne :

Pierre d’Arc prit part aux luttes sporadiques qui ensanglantaient le pays. On le retrouve, en dernier lieu, à la revue d’armes passée le 03 octobre 1407 à la Chapelle en Thiérache (près Verviers) par le seigneur de Fouvens, maréchal de Bourgogne, pour venir à l’aide du duc de Brabant contre le duc rouge de Gueldre et ses alliés, en guerre depuis plus de quinze ans. Il est désigné comme chevalier, sous le nom de Pierre Dars ou Day.

Les appellations de Day ou Dars données à Pierrelot (prénom aussi du frère de lait de la Pucelle) répondaient bien à la fois au nom d’origine Dailly devenu Dalys et Dulys et au surnom Darc.

Sous la même dénomination de Pierre d’Arc ou Day, il avait assisté à deux revues, à Paris en 1405, avec le titre de chevalier. Le surnom d’Arc, devenu héréditaire, s’appliqua aux descendants de Pierrelot qui, d’après les recoupements opérés, eut quatre fils, dont le plus jeune Jacques fut le père adoptif de la Pucelle.

Nous pouvons conclure que les chevaliers du Lys sont une lignée de chevaliers armés et combattants, qui ont une longue tradition familiale de lutte sous les couleurs des ducs de Bourgogne.

La noblesse ancienne de ces derniers ne fait aucun doute. Cette noblesse est l’une des plus anciennes et des plus illustres qui soit (les chevaliers), qui rassemble moins de trois cents familles aujourd’hui.

Jehan I de Châlon – Montaigu dit aussi Jean Ier de Bourgogne et Jean Dailly :

Henry, comte de Vaudémont et Sire de Joinville (petit-fils de l’historien de Saint Louis) était mort en 1365, ne laissant pas de lignée masculine, mais seulement deux filles, dont l’aînée Marguerite deviendra l’épouse en secondes noces de Jean 1er de Châlon - Montaigu.

Jean Ier de Châlon ou Jean Ier de Bourgogne, né vers 1340, mort à Amance le 6 décembre 1373, fut un seigneur de Montaigu et, par mariage avec Marguerite de Joinville (1354 †1418), comtesse de Vaudémont et dame de Joinville, fille d'Henri, sire de Joinville et comte de Vaudémont, et de Marie de Luxembourg, il devient comte de Vaudémont et sire de Joinville de 1367 à 1373. Il était fils d'Henri de Châlon, seigneur de Montaigu, et d'Isabeau de Thoire.

En 1360, il combat les Anglais sous les ordres du duc de Bar Robert Ier. En 1361, à la mort de Philippe Ier de Rouvres duc et comte de Bourgogne, il tente en vain de faire valoir ses droits sur le comté de Bourgogne, étant descendant par les mâles d'un frère du comte Othon IV. A la tête d'une armée, il envahit le comté, s'empare de Gray et de Jussey, mais doit s'incliner devant l'armée des barons francs comtois, restés fidèle à la comtesse Marguerite.

Le duché et le comté de Bourgogne au XIVème siècle – Arc en Barrois fait partie du duché de Bourgogne

En 1365, il est de nouveau cité auprès du duc de Bar.

Il épousa en premières noces, Marie de Chateauvillain († 1367) Dame d’Arc en Barrois, fille de Jean III de Chateauvillain, seigneur d’Arc en Barrois, et de Marguerite des Noyers.

Marie n’avait que treize ans à la mort de son père, d'où l'urgence de lui trouver un protecteur suffisamment puissant et habile.

Jehan de Châlon fut un habile organisateur, et s'attacha à la reconstruction des domaines de son épouse, ravagés par la guerre de Cent Ans et au rétablissement de la fortune de son épouse, mise à mal par les luttes d'Henri V avec ses voisins. Malheureusement, il meurt au bout de six ans.

En 1371 et en 1372, il participe à des expéditions en Guyenne contre les Anglais.

Marie de Chateauvillain, Dame d’Arc en Barrois, héritière de la seigneurie d’Arc en Barrois, institua par testament du 22 octobre 1366 Jehan 1er de Châlon – Montaigu comme administrateur de ses terres, châtellenie et forteresse d’Arc en Barrois.

Pour exécuter la volonté de sa première épouse décédée, Jehan (qui s’était remarié, nous l’avons dit, en 1367 à Marguerite de Vaudémont) dut, selon toute vraisemblance, faire appel à son compagnon d’armes Jehan Dailly, venu de Lorraine avec lui vers 1354.

Jehan Dailly, en quittant la Lorraine, avait dû s’adresser aux moines de Montiérender (près de Ceffonds) et recevoir dans les propriétés de Jehan une petite exploitation qu’il fit valoir pendant les périodes de trêve de la guerre.

On trouve en effet le nom de Jehan Daillie dans l’Histoire de Bourgogne de Léon Germain pour une créance de 60 livres d’arrérages de terre, à côté du nom des religieux de Montiérender, réclamant 800 florins dans l’acte de partage du 18 septembre 1375, réglant les dettes de Jehan décédé en 1373. 

L’union de Jehan 1er de Châlon et de Marie de Chateauvillain allait avoir pour conséquence, nous le verrons, de fixer le descendant de Jean Dailly dans la région d’Arc en Barrois, en Bourgogne à l’époque (voir la carte des duché et comté de Bourgogne au XIVe siècle).

La période qui va de 1338 à 1480 va être des plus instables et meurtrières. La guerre que livrent les Bourguignons et les Anglais contre le roi de France, la peste noire qui ravage les campagnes en 1348, les bandes de "Tard-venus" qui pillent et rançonnent, font fondre sur le Barrois et toute la région les pires calamités. En 1425, les Bourguignons avaient pris et presque entièrement détruit la ville de Châteauvillain. L'arrivée de la Pucelle dans la destinée de la France a retourné la situation en faveur du royaume de France.

Mêlé à toutes les luttes de cette guerre de Cent ans, Jean Dailly termina brillamment sa carrière militaire, comme chevalier, à la bataille de Rosebecque, remportée par Philippe le Hardi, en 1382, avec l’aide de renforts lorrains et français.       

Le duc de Bourgogne y fit des prodiges à la bataille de Rosebecque et récompensa les mille volontaires que la ville de Dijon lui avait fournis.

bataille de Rosebecque

Bataille de Rosebecque

Un rappel sur les causes de la bataille de Rosebecque (ou Roosebeke):

La bataille de Roosebeke, également appelée bataille du Mont-d'Or, se déroula près du village de Roosebeke, actuellement Westrozebeke en Flandre-Occidentale, le 27 novembre 1382. Elle opposa une troupe de miliciens flamands, commandés par Philippe van Artevelde à l'ost français conduit par le roi Charles VI de France et commandé par le connétable Olivier V de Clisson.

Louis de Male, comte de Flandre, est en butte à la révolte des tisserands gantois depuis 1379. Forcé de se retrancher à Lille par l'attaque de Bruges menée par Philippe van Artevelde, il doit faire appel à son gendre Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. Ce dernier, qui sait devoir hériter du comté à la mort de Louis II, convainc facilement le jeune Charles VI, dont il est l'oncle et le tuteur, d'organiser cette expédition en Flandre.

Bien qu’elle ne soit pas partie prenante dans cet affrontement précis, l’Angleterre a souvent compté la Flandre parmi ses alliés pendant la guerre de Cent Ans. L'importante industrie textile de cette région constitue un des principaux débouchés de la laine produite par les éleveurs de moutons anglais et la laine est à cette époque le premier produit d'exportation de l'économie anglaise. Les Flamands ont d'ailleurs espéré, en vain, que l'Angleterre envoie des troupes leur prêter main-forte dans cette affaire. On comprend donc aisément l'intérêt de la France d'assurer le pouvoir d'un comte qui certes louvoya longtemps entre ses amitiés françaises et anglaises, mais en définitive avait fini par rejoindre le parti Valois en mariant sa fille au duc Philippe II de Bourgogne.

En outre, les Flamands avaient embrassé le parti du pape Urbain VI alors que le roi de France appuyait Clément VII, ce qui a pu constituer un argument supplémentaire pour convaincre Charles VI d'engager des troupes en faveur de Louis de Male, bien que ce dernier, pour des raisons évidentes de politique intérieure, préféra personnellement soutenir le pape de Rome.

Le seigneur Pierre du Lys, chevalier d’Arc crée son blason

Jehan Dailly était venu avec son fils Pierre, alors âgé de quatorze ans environ, de Lorraine, aux environs de Montiérender ; de grands défrichements avaient lieu dans toute la région à cette époque. Les maisons de Montiérender (Champagne) et de Chateauvillain (Bourgogne) étaient parentes et, sur autorisation de l’évêque de Châlons, se prêtaient leurs ouvriers. Jean Ier  de Châlon – Montaigu dit Jean Ier de Bourgogne était lui-même parent de la maison de Chateauvillain dont il allait épouser l’héritière du domaine d’Arc en Barrois ; il y fit venir Pierre, qui passant de Champagne en Bourgogne, et séparé de son père, abandonna la noblesse portée en Lorraine, et n’y fut plus connu que sous le nom de Prel (pour Pierrelot et Pierre) et le surnom d’Arc.

Pierre d’Arc, dit Prel Dart vint habiter près d’Arc en Barrois à Cour - l’Evêque, à l’orée de la grande forêt de Chateauvillain et d’Arc en Barrois où il pouvait donner cours à ses aptitudes car il était arpenteur pendant les périodes de trêve.

Mais parvenu à l’âge de 18 ans, il suivit l’exemple de son père, et c’est de courte durée que furent ses séjours de repos à Cour-l’Evêque, où nous le trouvons inscrit au rôle de la taille de cette commune touchant Arc en Barrois (la noblesse de son père chevalier n’emportant pas droit de suite de Lorraine dans le Barrois bourguignon de l’époque), parmi les contribuables solvables, seulement en 1384, sous les prénoms et surnom de Prel Dart. Prel est la déformation du nom de Pierrelot, tel qu’on le prononçait en Lorraine.

Pierre Dailly ou Dueilly ou plus simplement Prel est nommé chevalier en 1405, comme son père l’avait été, et associe les armes du Lys et d’Arc ; il est alors désigné sous le nom de Pierre Dars ou Day, titulaire d’une terre de dignité ou de bachelerie nommée d’Arc.

Nous ne connaissons pas l’assiette de cette terre de dignité ni son emplacement géographique précis mais Pierre à récupéré de Jehan, héritier des Chateauvillain par sa femme, possesseur de la seigneurie d’Arc en Barrois, cette terre de dignité. Pour le transfert de propriété de ce fief Jehan et Pierre devaient obtenir en principe l’autorisation de la part du duc de Bourgogne et Pierre devait s’acquitter du paiement d’une taxe dite de droit de relief.

Dans le détail on peut donc établir que Jean Dailly était chevalier lorrain et que son fils Pierre s’installant près d’Arc en Barrois, appartenant à la Bourgogne à l’époque, n’était pas admis  dans ses titres et qualités par son nouveau souverain. Cela étant, nommé en 1405 à son tour chevalier par le duc de Bourgogne et nouveau titulaire d’un titre et d’une terre de dignité (Arc) dans le duché, il procéda à la création de son blason.      

Notre chevalier crée effectivement son blason en sélectionnant un objet représentant le mieux son nouveau fief de bachelerie ou sa terre de dignité. Son choix se porte sur un arc symbolisant sa terre d’Arc et y incorpore ses armes familiales symbolisées par un lion de gueules passant (émail rouge) et crée pour cela dans son blason un chef avec ce lion. Ces armes créées dans le respect d'une certaine simplicité facilitent le recensement et la compréhension des dites armes pour les tiers. 

Si nous recherchons un fort symbole héraldique du lion de gueules nous le trouvons dans les armes des Limbourg très représentatives à ce sujet.

Le lion de gueules armé et lampassé est l’emblème des Limbourg et des Luxembourg et on peut penser que le lion de gueules passant des du Lys a souvent croisé le lion armé et lampassé au cours de la carrière militaire de son propriétaire !

Limbourg Arc
Armes des Limbourg et des Luxembourg Armes des du Lys d'Arc

Il est inexact de représenter les armes des du Lys d’Arc sous la seule forme héraldique d’un arc. La famille du Lys d’Arc possédait ainsi les armes suivantes : « d’azur à l’arc posé en fasce, chargé de trois flèches entrecroisées, les pointes férues, deux d’or ferrées et plumetées d’argent, la troisième ferrée et plumeté d’or. En chef d’argent au lion passant de gueules ».

Pour conclure nous affirmons que la famille  du Lys est devenue du Lys d’Arc ou d’Arc et que ce ne sont pas les d’Arc qui sont devenus des du Lys.

S’ils sont redevenus du Lys plus tard ce n’est pas par l’anoblissement de Charles VII (nous avons dit dans un article sur ce site que ces fameuses lettres patentes d’anoblissement n’ont jamais existé) comme le prétendent tous les historiens défenseurs de la légende ; en effet, l’anoblissement d’une famille déjà noble est quelque chose de très improbable et ensuite, il faut tout simplement se rappeler que si un noble perd la possession de sa terre de dignité, il perd le droit de porter le nom de cette dernière.

Les quatre fils descendants de Pierre ne pouvaient pas tous porter le titre de chevalier d’Arc de leur père ; c’est l’aîné qui récupère le titre et la terre de dignité et les autres n’en restent pas moins nobles mais sans le titre paternel, c'est-à-dire sans le nom de la terre de dignité d’Arc.

Les enfants du père nourricier de la Pucelle, Jacques, qui était le quatrième dans l’ordre de succession de son père, n’étaient plus titulaires de la terre de dignité d’Arc et ne pouvaient plus utiliser le nom de cette terre mais conservaient leur noblesse et leur nom du Lys.

La représentation couleur des armoiries du seigneur Pierre du Lys, chevalier d’Arc :

Rappelons que seuls les nobles recensés (anoblis et chevaliers) ont le droit de timbrer leur écu, que ce soit avec une couronne, un heaume ou un tortil. De même, le port d'un blason timbré n'est autorisé qu'à raison d'un seul par personne anoblie, même si celle-ci a plusieurs titres. Nous représentons ci-dessous les armes du chevalier du Lys d’Arc en suivant les règles de l’art :

Arc chevaliers

Représentation couleur des armoiries du seigneur Pierre du Lys, chevalier d'Arc

La dignité de Chevalier :

La dignité de chevalier, en latin miles, était à l'origine le grade le plus éminent de la noblesse militaire. Il n'y avait pas de récompense plus ambitionnée et plus capable d'animer et de redoubler le courage des guerriers dans les occasions périlleuses. Cette dignité, toute personnelle et non transmissible héréditairement, se conférait par une investiture accompagnée de cérémonies religieuses et d'un serment solennel, excepté en temps de guerre, sur les champs de bataille, où l’adoubement se réduisait à la simple accolade.

Il y avait deux classes de chevaliers: les bannerets, qui, possédant de grands fiefs, avaient le droit de lever bannière et étaient tenus de soudoyer cinquante arbalétriers pour le service du roi; les bacheliers comme Pierre du Lys, fils du chevalier Jean, qui, n'étant point barons ou n'ayant pas assez de vassaux pour lever bannière, servaient sous les ordres des premiers, et quelquefois même sous les enseignes des écuyers bannerets.

La noblesse était un milieu beaucoup plus ouvert qu’on ne l’imagine parfois et le principal processus d’entrée dans la noblesse est en réalité celui de l’agrégation, qui court sur trois générations environ et consiste à partager les valeurs et le mode de vie de la noblesse en adoptant les normes sociales considérées comme nobles (rôle guerrier, absence de travail manuel, etc.): ainsi, durant tout le Moyen-âge et le début de l’époque moderne, il suffisait de vivre noblement pendant trois générations pour devenir noble.

En effet, la noblesse a longtemps été un état de fait, un rang social plus qu'un statut juridique clairement délimité: c’est une vie noble qui faisait la noblesse. Ainsi, rares sont celles, parmi les vieilles familles, à être anoblies par lettres de noblesse ou lettres patentes pour fait d’armes ou service rendu: la voie la plus courante est la « maintenue de noblesse » qui constate une vie noble depuis trois générations.

C’est ce que l’on appelle la noblesse d’extraction et, contrairement aux apparences (l’entrée par la petite porte), c’est la noblesse la plus prestigieuse parce que la plus ancienne.

En Lorraine, les expressions lettres d'anoblissement ou de chevalerie étaient devenues synonymes, car les ducs avaient pris la coutume d'accorder la qualification de chevalier à tous ceux qu'ils élevaient à l'ordre de la noblesse. C’était le cas du chevalier Jean Dailly, originaire de Lorraine, père de Pierre du Lys d’Arc. On peut donc considérer que le chevalier Jean Dailly a été titré par le Duché de Lorraine, que son descendant a été titré par le duché de Bourgogne, et que son autre successeur Pierre du Lys (considéré comme le frère de la Pucelle) a été titré par le duc d'Orléans.

En France, le pouvoir d’anoblir a d’abord appartenu à tous les seigneurs qui pouvaient armer des chevaliers, puis, à partir du 15ème siècle, il est uniquement réservé au roi.

Au Moyen-âge, est considérée comme noble toute personne portant les titres de chevalier ou d’écuyer. La chevalerie, qui apparaît autour du 12e siècle, est à l’origine une population au service des grandes familles héritières de l’aristocratie carolingienne et propriétaires de vastes domaines fonciers. La définition des privilèges de la noblesse n’apparaît qu’au 15e siècle, lorsque le roi définit les conditions d’accès à la noblesse et les privilèges dont elle jouit. Avant cela, la noblesse est donc une place dans la société conférée par un rang dans la hiérarchie féodale.

Les quatre fils de Pierre du Lys d’Arc :

Nous allons évoquer les quatre fils de Pierrelot (ne pas confondre avec son petit-fils, frère de lait de la Pucelle qui portait le même petit nom) et leurs activités recensées dans les revues d’armes auxquelles ces derniers ont participé :

Nicolas : Premier fils de Pierrelot Darc, né vers 1364, marié vers 1389, porté sur la liste des contribuables solvables de Cour-l’Evêque en 1390 et 1397, sous le nom de Nicolas Prel (Prel rappelle son père). En 1405, les 29 août et 14 octobre il figure à des revues de Paris, sous le nom de Colart Dellieu. Après 1405 Nicolas est reconnu comme son père noble dans le Barrois sous le nom de famille du Lys (formé différemment à l’époque en Dellieu). 

Pierre : Second fils de Pierrelot Darc, né vers 1375, qui était avec son père le 14 septembre 1405 à Paris à la revue passée par le maréchal de Bourgogne, sous le nom de Pierre Deix, écuyer (avec le seigneur de Deix, son père, chevalier). Le 19 septembre 1410, on le retrouve à une revue passée à Paris sous le nom déformé de Pierre Dauilley. Enfin le 31 juillet et le 31 août 1417 à Beauvais, aux revues passées, la première par Monsieur de Comines, la deuxième par le seigneur de Chateauvillain, il est cité comme écuyer sous le nom de Pierre Dars.

Pierre est donc reconnu noble car écuyer sous le nom Dars et nous pouvons en conclure que la terre de dignité d’Arc est toujours dans le patrimoine de la famille en 1417 puisque nous avons un fils qui en porte le nom. Pierre est qualifié d’écuyer et c’est donc son père (s’il est encore vivant) ou son frère aîné Nicolas qui porte en 1417 le titre de chevalier d’Arc.    

Jehan : Troisième fils de Pierrelot Darc. Sous le nom de Jean Darc servit contre les Anglais le 01 octobre 1405, comme arbalétrier à Gravelines, pour la défense de cette ville et du pays de Flandres et d’Artois. En 1436, il prêtait serment d’arpenteur des forêts de France, profession déjà exercée par son père.

Après le départ de son frère Jacques (le père adoptif de la Pucelle) de Ceffonds pour Domremy, il administre le bien patrimonial qui lui échoit par la suite.

Arbalétrier

Arbalétrier

Jacques : Père nourricier de la Pucelle.

Jacques du Lys était noble comme son père le Chevalier du Lys d’Arc et son activité ne pouvait, d’après les éléments en notre possession, amener une dérogeance de la noblesse. En effet le noble pouvait labourer lui-même son bien sans perdre sa qualité. Il ne pouvait exploiter à ferme une terre sauf celle des ducs et princes dont il dépendait… Dans ces conditions pas de dérogeance pour Jacques qui n’exerçait aucune activité le ramenant à l’état ignoble à l’époque. Sa famille a repris le nom de du Lys parce que le fief d’Arc ne lui était pas attribué.

" Siméon Luce a pu établir que Jacques d’Arc était propriétaire d’une vingtaine d’hectares, dont douze en terres labourables, quatre en pâturages et quatre en bois, et une réserve de deux à trois cents francs. Le patrimoine de son épouse consistait en quelques terres à Vouthon-Haut, que leur fils Jacquemin reprit après 1420.

Il évalue le revenu annuel de l’exploitation de 4 à 5 000 francs (alors qu’un ouvrier agricole de l’époque percevait 30 francs – NDLR); d’autres chiffres évaluent la fortune de Jacques à 50 000 francs. La famille jouissait donc d’une assez large aisance. Jacques d’Arc avait été investi des fonctions de doyen de son village, ce qui le mettait en rapports administratifs fréquents avec le prévôt de Vaucouleurs".

Il occupe le poste de doyen, lui conférant le pouvoir de procureur et percepteur (collecteur des impôts) et d'organiser la défense du village.

" Siméon Luce relate qu’en 1419, cette famille quitta sa maison où elle vivait dans le village même de Domremy pour le château fort des seigneurs de Bourlémont. Jacques d’Arc loua ce château et s’y installa avec sa famille pour y être mieux à l’abri des coups de main effectués par des soudards plus ou moins brigands ".

Le fait est affirmé par Siméon Luce et repris, avec beaucoup plus de détails, par Anatole France, qui décrit ce « château muni d’ouvrages de défense et d’un grand jardin ».

Monsieur Villiaumé, auteur d’une Histoire de la Pucelle, déclara à de Bouteiller et de Braux, tenir d’un de ses grands oncles, curé de Danvillers, mort vers 1820, des pièces qui le conduisaient à cette évaluation des biens de Jacques d’Arc et d’Isabelle. C’est cette évaluation qui a été reprise par Siméon Luce.

Si nous voulons savoir ce que représentent 4500 franc-or de 1840 (époque de Siméon Luce) par rapport à aujourd’hui il faut prendre en compte les équivalences suivantes :

Le premier franc est apparu en 1380 à Compiègne créé par Jean II le Bon. De 1380 à 1976, le Franc comme les monnaies de tous les principaux "pays" a été indexé sur l'or. Une dévaluation consistait tout simplement à modifier le poids d'or dans la monnaie. La première grande dévaluation a été effectuée par Philippe IV le Bel…

De 1803 à 1928, le franc-or de 0,3225 g constitua l'unité monétaire nationale. Le franc-or ou dit encore franc germinal est une monnaie très stable jusqu'en 1914, malgré l'instabilité politique en France. Cette monnaie accompagne le développement du pays et de sa richesse pendant 125 ans, jusqu'en 1928 et l'avènement du « franc Poincaré ».

Un franc-or de 1900 vaut 18,04 francs en 1999 et en 1915, un franc-or équivalait à 2,53 euros (2007).

C’est ainsi que nous pouvons évaluer les revenus de Jacques d’Arc à 12 500 euros d’aujourd’hui, ce qui est beaucoup par rapport à la surface agricole exploitée et sûrement très inférieur à ses revenus réels compte tenu de ses nombreuses activités tirées de fonctions administratives et domaniales exercées auprès des princes de l’époque; de plus les rétributions qu’il percevait pour l’éducation et la garde de la princesse royale Jeanne doivent compter dans ses revenus.

La fortune de Jacques peut être évaluée à 126 500 euros de 2007, ce qui est pour le dernier fils de la famille une somme importante et peut nous donner une idée de la fortune de son père, ou de la part de fortune récupérée par le quatrième fils de famille. Cette somme peut aussi représenter l’enrichissement de Jacques par lui-même et peut donner une idée de ses revenus réels par différents calculs.

Considérations sur l’historien Siméon Luce :

Siméon Luce était parfaitement informé des faits évoqués dans cet article et n’en a rien dit dans ses livres pour des raisons que nous ignorons. L’historien Jacques Cordier critique ce dernier avec un réalisme très significatif et écrit qu’il « est avant tout un archiviste et un éditeur de texte, mais il subit bien davantage la déformation professionnelle, en attachant une importance disproportionnée aux petits faits qu’il a découvert, ou vers lesquels son attention s’est particulièrement tournée. Comme au surplus il manque tout à fait de rigueur et même de sens critique, il se laisse aller à des conjectures fort hasardeuses sinon purement imaginatives… Il reste que Luce a mis à jour des textes inédits intéressants. Les preuves constituent dès lors le mérite essentiel de sa publication ; mais il faut les exploiter soi-même, et ne point suivre l’auteur dans les déductions excessives qu’il cherche à en tirer ». 

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