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BD Puchol-ManginLes secrets de Jeanne - Actualité

Jeanne d'arc et moi...

Extrait de "l'Iconothèque du Dr Lartigue"

Marylin Monroe, par sa mort en août 1962 a influé sur ma carrière, en m’empêchant de publier des photos sur Paris Match (le poids des faux, le choc des motos !) et c’est bien heureux.
Par contre, je n’ai pu connaître Jeanne d’Arc, cinq siècles nous séparant. Néanmoins, elle est intervenue plusieurs fois dans mon existence.


Cela a commencé dans les années 60, à travers un personnage singulier, nommé Wyperthus von Collenberg – Weigo pour les intimes – qui m’a prouvé qu’elle faisait partie de ses ancêtres. Il  était un peu connu comme auteur, ayant publié chez un éditeur de Zurich d’obscurs catalogues de céramiques de collection.

Nous supposions – sans la moindre preuve – qu’il était un agent secret...
Ses ascendants étaient tous dans la « carrière »,  lui-même ayant vécu son enfance dans une ambassade en Turquie.
En novembre 56, il était à Vienne, accueillant  les étudiants qui avaient fui Budapest et la révolution avortée en passant sous les barbelés. Parmi ceux-ci, Peter Kassovitz , réalisateur de long-métrages et père de Mathieu, ainsi qu’Estelle Menyhard, tous deux camarades de l’Ecole des Beaux-Arts.
Ayant épousé cette dernière en 61, nous le rencontrions souvent car il habitait à Paris avec une cousine. Et c’est donc lui, chevalier de l’ordre de Malte, qui me montra un sceau qui se transmettait dans sa famille.
Une face portait l’image de Turenne, et l’autre de Jeanne d’Arc.
Il était certain d’avoir dans sa lignée un des deux enfants qu’elle avait eu au Luxembourg, où elle avait été « exfiltrée ».
Pour lui, Jeanne était un personnage politique, donc sujet à demande de rançon ! Pas question de la faire disparaître ; donc elle n’a pas été brûlée à Rouen ( les avocats du Vatican  n’ont d’ailleurs jamais pu la déclarer martyre lors du très long procès en canonisation) .
Weigo avait trouvé dans les archives de l’évêché d’Orléans que les sommes versées par la famille royale pour dire des messes avaient été virées à partir de 1435 dans une banque des templiers au Luxembourg.


A la même époque, une collaboratrice de Françoise Giroud avait publié un petit livre sur ces hypothèses sur l’histoire de Jeanne.
Je l’ai vu dans les mains de Weigo. Mais trois semaines après sa sortie, il fut mis au pilon par les soins de l’Archevêché de Paris.
De mon côté, j’étais en ces années-là réalisateur à l’Institut Pédagogique National. Intéressé par le cas de Jeanne, j’avais pu lire les lettres de Gilles de Rais, qui l’accompagnait durant ses campagnes.
J’y avais découvert un aspect très moderne du personnage. Batailles mises à part, on y voyait raconter des randonnées à cheval avec une pratique du camping guère différente de nos jours.
A  l’arrivée à l’étape, soins aux chevaux puis toilette dans la fontaine, où Jeanne se lavait nue sans problèmes. Au cours du procès, un des soldats appelé comme témoin avait garanti qu’elle était bien une femme,  qu’elle ne s’en cachait point. Ses habits masculins avaient en effet troublé les juges de Rouen.
J’avais alors projeté un film basé sur ces notions nouvelles. Las ! La commission d’histoire, formée d’Inspecteurs Généraux laïques et obligatoires me tombèrent dessus : l’Archevêché ne nous le pardonnerait pas !
Sans doute la trouille d’être excommuniés !
Trente ans plus tard, j’eus en charge le montage et la finition de 100 émissions sur le survol de la France en hélicoptère dans les années 70. C’est Marcel Jullian, de grande culture, qui en rédigeait le commentaire. Or un jour, au déjeuner, le nom de Jeanne vint dans la conversation.
Stupeur : il avait les mêmes idées que moi!
On échafauda un projet d’émission pour la 3. Mais il nous quitta avant d’avoir mis sur pied le projet.
Pour le préparer, nous avions étudié avec un spécialiste le trajet qu’elle avait suivi de Vaucouleurs à Chinon, en neuf jours. Circulant de nuit pour éviter les ennemis –  Anglais comme Bourguignons – nous avions conclu que ce ne pouvait être que quelqu’un de bien entraîné  pour accomplir un tel exploit.
Et Marcel Gay qui avec l’aide d’un archiviste-paléographe a mis au clair nombre de documents d’époque trouvés dans de nombreuses bibliothèques, affirme qu’elle n’était pas une gentille petite bergère, que le sire d’Arc vivait dans un château fort et qu’elle avait été formée à l’emploi  des chevaux et des armes !!!

Pour moi maintenant, le projet d’émission sur le sujet ne peut plus être envisagé, l ‘âge et la paresse congénitale me l’interdisent ; et de toutes façons, le livre de Marcel Gay a servi de support à une émission diffusée sur ARTE en 2008.
Fort bonne d’ailleurs!

L'émission évoquée ci-dessus est le documentaire "Vraie Jeanne, fausse Jeanne" réalisé par Martin Meissonnier et proposé par Arte en 2008.
Voir ce documentaire.

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